Des attributions aux imputations

par 295mem
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Comment expliquons-nous nos conduites ? Comment s’évalue-t-on ?
Quelles vont être les hypothèses que l’on mobilise dans notre psychologie quotidienne pour nous représenter nous même et les autres ?

Pour répondre à ces questions ; il faut se plonger dans les théories de l’attribution.

L’attribution causale

Tenter la chose suivante : énumérez, sur une feuille de papier, trois événements de votre vie qui correspondent à des échecs et trois événements qui correspondent à des réussites.
Une fois cela réalisé, vous pouvez passer à l’étape suivante qui consiste à trouver une ou plusieurs causes à ces échecs et à ces réussites.

Résultats :

Comptez le nombre de causes qui relève de votre propre responsabilité dans vos réussites et dans vos échecs, puis comptez le nombre de causes énumérées qui relève de valeurs extérieures.

Exemple de réussite : Obtention d’un examen : « Car j’ai beaucoup travaillé » (causalité Interne) ou « car j’ai eu de la chance » ou « car on m’a beaucoup aidé » (causalité externe).

Dans l’exercice réalisé, vous avez produit ce que l’on appelle des auto-attributions. Si vous deviez expliquer les comportements d’une autre personne, vous auriez fait des Hétéro-attribution. On peut déjà noter la présence du métabiais.

En effet, on peut distinguer :

  1. La causalité scientifique : qui cherche à expliquer le phénomène. On cherche à répondre au comment. On isole souvent de multiples facteurs en interaction.
  2. La causalité quotidienne : qui cherche à répondre au pourquoi. Cela aboutit souvent au phénomène de la cause unique.

Ps : Ce qui ne veut pas dire que les experts soient extérieurs aux phénomènes de la causalité quotidienne.

Pour rendre compte des comportements, les individus recourent à trois types d’attributions :

Ce qui relève de notre personne Attribution à causalité interne
Ce qui relève du contexte, de la chance ou du hasard Attribution à causalité externe

Le fait est qu’on aurait une tendance fâcheuse à nous attribuer la responsabilité de nos réussites, tandis qu’on attribue plutôt à l’extérieur la responsabilité de nos échecs.
Les chercheurs appellent cela ; « le biais de complaisance ».

On constate de façon plus générale une tendance à surdéterminer le poids de la personne, qu’il s’agisse d’expliquer nos propres comportements ou ceux d’autrui.

Cette tendance serait si importante que les auteurs parlent des causalités internes comme « L’erreur fondamentale d’attribution ».
Cela débouche sur une tendance à croire que ce qui nous arrive relève principalement de notre personnalité.
On parle alors de « norme d’internalité » : il semble que nous avons intériorisé l’idée selon laquelle nous sommes responsables de ce que nous faisons.
Cette norme est caractéristique de l’idéologie en vigueur dans notre société ; « être responsable de ses actes ».

Quand on explique le comportement des autres (en tant qu’observateur), on produirait encore plus de causes internes que pour expliquer ses propres comportements. C’est ce que l’on appelle le biais acteur/observateur.

Cette norme d’internalité varie selon plusieurs facteurs :

  • Elle est plus importante dans les milieux sociaux favorisés que défavorisés.
  • On a tendance à considérer que les comportements des femmes relèvent plus de la situation que de leurs dispositions personnelles. Pour les hommes, on les considère plus capables de se prendre en charge que les femmes…

Les attributions portent sur un événement précis que l’on va expliquer après qu’il s’est produit.
Si l’on procède à la recherche de causes, c’est avant tout pour contrôler notre environnement. On aurait un besoin de préserver un sentiment subjectif de contrôle.

L’imputation de responsabilité

Le recours aux attributions causales pour expliquer les phénomènes nous amène vers un jugement de responsabilité.

Heider fait, dès 1944, la distinction entre l’origine et la cause d’un phénomène.
Pour exemple, les victimes d’attentat sont à l’origine de leur blessure, mais n’en sont pas la cause.
Les gens sont toujours à l’origine de ce qui leur arrive, par contre, ils n’en sont pas toujours la cause.

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Dans la pensée quotidienne, on ne fait pas cette distinction et l’on confond origine et cause. Cela nous emmène sur une causalité interne ; une attribution de responsabilité.
Cela nous donne un responsable ; c’est très important en termes de régulation sociale puisque c’est le principe même de l’idée de justice.
Si on ne peut pas annuler les crimes, on peut cependant les compenser en trouvant des responsables à sanctionner.

On pensait que pour se faire une idée de la responsabilité des gens, on cherchait des causes aux événements.
En réalité, les jugements de responsabilité ne reposeraient pas sur une recherche de causes, mais seraient très dépendants de notre estimation de la personne selon qu’on juge qu’elle a enfreint ou respecté les normes sociales.

On procèderait donc à un jugement social. Voir une expérience.

On a donc la causalité quotidienne (recherche du pourquoi, explication : souvent cause unique) en opposition avec la causalité scientifique (recherche du comment, description : souvent multiples causes en interaction).
Cependant, le fait d’être « expert » ne garantit en aucun cas que l’on soit extérieur au phénomène.

Pour comprendre est exposé ci-dessous le modèle de Gosling datant de 1992 et qui oppose le schéma juridique à la pensée quotidienne.

Schéma juridique

Phase d’instruction. Recherche minutieuse.

Objectif : établir les causes. Les avocats valident ou pas les causes, la culpabilité est ensuite délibérée par les jurés.

Barème de points qui engendrera la sanction.

Pensée quotidienne

On procèderait de façon inverse. La sanction sociale vient en premier lieu. Il y aurait ensuite un blâme social.

On aboutirait enfin à une « causalité » ou plutôt à une attribution de responsabilité.

 

On part du principe que si une personne est sanctionnée socialement, c’est qu’il doit y avoir une raison. Cela renvoie à la célèbre phrase « il n’y a pas de fumée sans feu » et aux travaux sur les rumeurs.

En jugeant une personne comme responsable, la valeur de sa conduite est projetée sur l’essence même, la nature de la personne.
Les auteurs parlent alors du « processus de naturalisation ».
Selon Beauvois, ce processus de naturalisation serait une puissante forme de régulation sociale qui évite de questionner le système de valeurs.
En effet, plus on va réduire les phénomènes à des dysfonctionnements individuels, plus on protège les règles du système. Pour exemple : « s’il est chômeur, c’est qu’il ne cherche pas de travail ».

Moscovici précise que le passage de l’attribution à l’imputation de responsabilité se ferait à l’aide de nos conceptions du monde.

Voir des expériences sur ces concepts.

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